les cover bands

Publié le par Eric Du Trainot

J'ai commencé à faire de la musique, vers 14 ans dans les années 80, dans des groupes de copains. On a commencé par des reprises que l'on restituait approximativement, déjà à cause de notre technique instrumentale limitée, ensuite parce qu'à l'époque, il n'y avait pas le net et ses pléthores de ressources (tabs, vids, tutoriaux) et qu'il fallait relever les morceaux à l'oreille, souvent à partir d'un appareil pas vraiment HiFi. Dès qu'on a réussi à restituer quelques Clash, Police, Dire Straits ou Cure, on a commencé à composer nos propres morceaux.

Parce que, quand même, la musique c'est pour être créatifs, pour s'exprimer. Le meilleur moyen de rendre hommage à nos modèles c'est de digérer leur musique et de l'incorporer, inconsciemment souvent dans nos "influences".

J'ai arrêté la guitare pendant près de 20 ans. Complètement. Je m'y suis remis en 2012. J'ai vite compris que la donne avait changé, le business du matos s'était vraiment développé, et une espèce peu connue dans les années 80 et début 90 était apparue, terrifiante, plus inquiétante que le groupe de reprise, le cover band. Et cette saleté se développait partout, et à vitesse grand V!

Si j'ai bien compris l'exercice: Un groupe de cover est lié à un artiste et un seul (on a le cover beatles, le cover AC-DC, le cover Police...). Le but étant de reprendre les morceaux de son idole le plus fidèlement possible. En plus de cela on va aller jusqu'au mimétisme : mêmes instruments, même coupe de cheveux ou perruques, mêmes fringues, mêmes mimiques. C'est à devenir schizo. Et bonjour la créativité. Et le pire c'est que le public en redemande . Comme à la télé : le nivellement par le bas. Et côté musiciens on se la pète comme des gloires locales... c'est facile et pathétique : un vrai jeu de dupes entre le groupe et le public.

Alors, oui c'est vrai, comme me disait une connaissance guitariste, avec de la bouteille pourtant : "pourquoi se faire chier à composer, on fera jamais aussi bien!" Ben non . Si on se résout à ça, on va avoir un répertoire mort, comme une langue morte, comme la musique classique sur bien des points . Est ce que c'est vraiment comme ça qu'on veut évoluer ? laisser ses rêves au placard et abdiquer toutes ses ambitions ?

Des groupes récents ont sorti quelques super morceaux, en inventant leur propre style : écoutez les blur, Kaiser chief, Radio Head et autres Franz Ferdinand par exemple : tout n'est pas génial mais il y a quelques perles dans leurs albums.

Les idoles des groupes de cover sont celles qu'ils ont découvert pendant leur "éveil" musical. On retombe toujours sur les mêmes groupes, avec en tête, selon l'âge de la formation les beatles, stones, Led Zep Pink Floyd pour les plus vieux et les Police, Cure, Stranglers, AC-DC, Iron Maiden, Metallica pour les plus jeunes. C'est comme s'il avaient cessé d'évoluer, de s'ouvrir et s'étaient refermé sur une sorte de nostalgie de leur adolescence.

Publié dans société

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